Nintendo peine à faire interdire les « linkers » en France
Une affaire a récemment opposé en référé, devant le Président du Tribunal de grande instance de Paris, le géant mondial des jeux vidéo, Nintendo, à un vendeur de « linkers », ces produits permettant de lire des jeux copiés sur les consoles portables Nintendo DS et 3DS.
Nintendo a assigné ce revendeur en référé pour qu’il lui soit fait interdiction de vendre ces produits. Pour démontrer l’illégalité des « linkers », Nintendo a choisi de tirer argument du fait que ces produits contrefaisaient le logiciel permettant de protéger les cartouches de jeux originales.
Nintendo exposait en effet être titulaire des droits de propriété intellectuelle sur le logiciel « ARM7 » contenu dans les cartouches de jeux et constituant en quelque sorte l’interface entre le processeur des consoles Nintendo DS et 3DS et les cartouches de jeux.
Or Nintendo n’a pas convaincu le juge des référés quant à l’originalité de ce logiciel. En effet, en refusant de produire le code source du logiciel pour des raisons de confidentialité, Nintendo s’est heurtée à l’impossibilité de démontrer que ce programme portait l’empreinte de la personnalité de son auteur, tandis que le défendeur arguait précisément du caractère banal du logiciel.
Le juge a donc considéré qu’il n’y avait pas lieu à référé.
Nintendo avait pourtant, semble-t-il, invoqué également les dispositions des articles L. 122-6-1 et suivants du Code de la propriété intellectuelle, qui prévoient des cas limités dans lesquels il est possible d’effectuer des copies de logiciels. Or il est évident que les copies de logiciels permettant de jouer à des jeux vidéo sans les payer ne sont pas des copies licites…
Voici donc une décision assez surprenante qui, toutefois, devrait donner lieu à condamnation au fond.
Ord. Réf. TGI Paris, 5 septembre 2011
Matthieu Berguig
Avocat associé